Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie et comment sélectionnez-vous les thèmes de vos collections ?
Lara Dizeyee : Je m’inspire de la nature, de la peinture de différents genres et de la richesse de diverses cultures. Mais ce sont surtout mes traditions familiales et mon héritage profondément enracinés qui m’inspirent véritablement. Ils me poussent à créer avec un cœur plein d’espoir, en envisageant un avenir meilleur pour le monde et pour mon peuple.
Les thèmes me viennent à l’esprit dans des moments de réflexion, en conduisant, en écoutant des chansons ou en écoutant l’histoire de quelqu’un. C’est dans ces moments-là que l’essence d’un thème commence à prendre forme.
Vous avez grandi dans plusieurs pays qui avaient différentes cultures, comment ces expériences ont-elles façonné votre approche de la redéfinition des vêtements kurdes au 21e siècle ?
LD : J’ai vécu dans plusieurs pays et rencontré des cultures diverses, mon cœur s’est ouvert pour voir au-delà des traditions et des vêtements. J’ai appris à connaître différents modes de vie et ce qui compte le plus pour les gens. J’ai toujours aimé raconter des histoires, mais j’ai réalisé que je voulais les faire vivre à travers ma passion : la mode. Je savais que je pouvais mettre en valeur les vêtements kurdes, en montrant au monde entier leur richesse et leur beauté.
Tout est une question de sentiments, d’amour et de respect de sa culture. Lorsque je crée, je le fais avec un profond sentiment de fierté et cette énergie se reflète dans mon travail.
Avant de vous lancer dans la couture, vous avez exploré différents domaines. Avez-vous toujours été attiré par les Arts ?
LD : Oui, depuis mon enfance, j’ai toujours aimé l’art. J’avais l’habitude de peindre et de jouer avec de beaux crayons de couleur. J’avais l’habitude de passer mes journées à dessiner et ma chambre était remplie de mes peintures. C’était mon jardin secret, mes peintures racontaient des histoires courtes illustrées. J’ai toujours été attiré par les couleurs vives et les oeuvres de la Renaissance. Cet amour m’accompagne encore aujourd’hui.
Vos créations sont marquées par des motifs et des symboles traditionels ainsi que par des tissus très particuliers. comment relevez-vous le défi de trouver Ces tissus authentiques sur un marché dominé par les textiles importés ?
LD : Je m’approvisionne en tissus dans le monde entier. Dès que je vois le bon, je sais instantanément qu’il a sa place dans ma collection. Pour les tissus que je ne trouve pas au Kurdistan ou en ligne, je travaille avec une entreprise pour créer des matériaux qui donnent vie à ma vision.
Vous êtes ambassadrice culturelle du Kurdistan, que signifie ce rôle pour vous personnellement et professionnellement ?
LD : C’est un honneur pour moi d’être reconnue comme ambassadrice culturelle. C’est un témoignage de mon travail acharné et une source de fierté. J’ai non seulement eu l’occasion de mettre en valeur notre culture sur la scène mondiale et d’obtenir la reconnaissance de magazines de mode internationaux de premier plan, mais j’ai également ressenti l’amour et la joie de mon propre peuple, ce qui signifie beaucoup pour moi, tant sur le plan personnel que professionnel.
Ce que j’ai démontré, c’est que croire en l’impossible et poursuivre ses rêves peut rendre tout réalisable. Rien n’est impossible mais le voyage dépend de vous. Cet état d’esprit a toujours influencé mon travail et inspiré la communauté qui m’entoure.
La France est célèbre pour être le berceau de la haute couture. Vous avez été la première créatrice kurde à présenter vos créations à la Fashion Week de Paris ? Comment avez-vous vécu ce moment ?
LD : Ce moment m’a paru comme un rêve. Les mannequins, la musique, le public, le lieu et les tenues , tout s’est parfaitement bien passé. C’était un moment crucial et émouvant dans ma vie. J’avais travaillé jour et nuit sur ces créations, et les voir prendre vie si magnifiquement sur le podium était tout simplement magique.
Enfin, quel conseil avez-vous envie de donner aux couturieres et couturiers en herbe et à ceux qui empruntent des chemins détournés pour réaliser leurs rêves ?
LD : Commencez. Ne remettez pas à plus tard, il n’est jamais trop tard pour réaliser votre rêve. J’ai commencé à concevoir ma première collection dans ma chambre et je n’ai rien laissé se mettre en travers de mon chemin. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver ensuite. Mettez-y tout votre cœur, croyez en vous et lancez-vous.
Cette interview a été réalisée le 19.09.2024 par Enje de l’IFE pour la Fashion Week de Paris.
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